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LA PARCELLE 32

droit, elle comprenait bien que Maurice ne restait pas à Fougeray à cause d’elle. Non point que le jeune homme affectât de la tenir pour négligeable ! Il ne lui ménageait pas les propos aimables, mais elle sentait bien que c’était là politesse pure et qui n’allait pas loin.

Elle écoutait surtout Maurice lorsqu’il disait les peines et les dangers de la guerre. Ses yeux se mouillaient alors et elle se surprenait à le chérir d’une amitié obscure et désespérée qui ressemblait à de la pitié.

Ayant fait défiler en sa pensée toutes les filles de Fougeray pour qui Maurice pouvait être sous le joug d’amour, un sûr instinct de femme dédaignée la fit s’arrêter sur Éveline.

Le mercredi, Maurice et Sicot qui s’en revenaient de la plaine croisèrent Mazureau avec Honoré de la Commanderie. Sicot, dont l’humeur, prompte à se lever, ne s’abattait point comme un feu de broussailles, fit de mauvais contes, au déjeuner ; d’abord contre Mazureau, puis contre le sursitaire.

— Un chien gâté qui s’est fait mettre à côté à cause de sa fortune ! Puisqu’il est en force de travailler, il pourrait bien faire la guerre comme les autres…, comme toi !… C’est pour ses écus que tu vas retourner te battre ; et, lui, restera ici !

Maurice, que cette jalousie n’animait pas trop, répondit :

— S’il n’est pas commandé pour partir, qu’il reste donc ! Il faut des hommes partout ! Et j’en connais beaucoup qui ne sont pas plus vaillants et qui feraient comme lui.

Mais Sicot prit un autre chemin.