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LA PARCELLE 32

Va dans ta chambre ! Tu n’en sortiras qu’à ma volonté.

Éveline passa dans sa chambre toute cette soirée de dimanche. D’avoir enfin osé affronter le père lui avait allégé le cœur. Et, surtout, il y avait ceci pour sa joie que Maurice était là ! Il ne l’avait pas en oubli puisqu’il revenait tout droit vers elle !

À la pensée de la triste comédie des jours précédents, la rougeur sautait au front d’Éveline.

— Tu viendras vers moi, avait dit Maurice, je t’attendrai.

Assurément, elle irait vers lui ! Si elle avait su où le trouver, elle serait sortie tout de suite ; maintenant que le père n’était plus devant elle pour lui barrer la route, toute crainte s’évanouissait.

Devant sa glace, elle s’habilla longuement et elle se coiffa comme pour une grande fête, avec une coquetterie dont elle n’avait plus l’habitude.

Elle sortit au crépuscule soigner ses bêtes. Puis, ayant servi le souper, elle s’assit à la table près de Bernard ; et elle causa avec lui devant son père, d’une voix calme, comme une fille dont le cœur est ferme et qui ne craint rien.

Le repas fini, elle revint dans sa chambre. Elle était bien trop enfiévrée pour dormir. Elle s’assit près de la fenêtre ouverte qui donnait encore un peu de jour.

Bientôt, Bernard et son grand-père qui couchaient dans l’autre pièce, cessèrent de remuer et, dans le silence, leur souffle égal devint perceptible.

Il faisait très doux ; la nuit était venue, lentement, légèrement. Le vent s’était tu et de fraîches odeurs végétales, montant du jardin, étalaient leurs