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LA PARCELLE 32

arrêter un gars comme moi qui a passé partout !

— File ton chemin, galvaudeux ! gronda Mazureau.

Alors l’autre, campé sur la route, appela de toutes ses forces :

— Éveline ! Éveline !

Des pas rapides traversèrent la maison. Mazureau, les yeux flambants, serra les poings et fit le geste d’ouvrir la barrière. Mais au même moment, Éveline parut au seuil.

— Éveline ! cria encore Maurice, je voulais te donner un salut d’amitié, mais ton père me reçoit comme un Boche enragé… Si tes lettres n’étaient pas menteuses, ton père agit contre ta volonté… Tu as vingt-cinq ans, Éveline et tu es libre… Puisque je ne peux pas entrer chez toi, tu viendras à moi… Je t’attendrai !

Dans la cour, la fille avait fait, d’un élan, la moitié du chemin ; elle se heurta à son père qui revenait.

D’un poing rude, Mazureau la ramena vers la maison ; il la fit entrer devant lui ; la porte claqua.

Mazureau tremblait de colère. Éveline, aussitôt entrée, avait couru à la fenêtre et soulevé le rideau. Il la tira brutalement en arrière.

— Je te défends de faire des signes à ce galvaudeux !

— Je ne lui fais pas de signes, dit-elle, il est déjà parti. Après l’accueil que vous lui avez fait, il n’avait qu’à s’en aller !

— Il a eu l’accueil qu’il méritait !… et qu’il ne revienne jamais, sinon…

Pour la première fois de sa vie, Éveline essaya de se dresser devant le père.