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LA PARCELLE 32

Le gars répondit sur un ton de reproche :

— Voilà un parole que je n’attendais pas de vous, Mazureau. Vous cherchez un mauvais procès… Car enfin vous saviez bien que j’écrivais à Éveline et vous étiez bien chez vous quand je suis allé la voir, lors de ma dernière permission.

Le visage du vieux s’empourpra.

— Il n’est pas de mon goût de discuter avec toi, dit-il hautement. Que mes raisons soient bonnes à tes yeux ou qu’elles soient mauvaises, c’est chose indifférente pour moi… Je te défends d’écrire à ma fille, voilà ce qu’il faut que tu saches bien…, et je te défends de lui parler… Tu peux passer ton chemin.

Ayant dit ces paroles, il s’en alla vers sa maison. Arrivé devant la barrière du courtil, il se retourna et il vit que Maurice l’avait suivi.

Sous le casque, le visage du soldat était pâle ; un pli de colère lui barrait le front.

— Vous ne m’en imposez pas, Mazureau, avec tous vos airs. Je ne suis plus un petit valet de chez vous… J’ai vu venir sur moi des hommes qui étaient pires que des bêtes féroces…, et je n’ai pas tremblé et je n’ai pas cédé ma place !… Ne pensez pas que je m’en laisserai conter par un vieux qui n’a rien vu ! Je suis ici pour parler à Éveline et je lui parlerai !

Mazureau passa dans le courtil et referma la barrière.

— Je te défends l’entrée, dit-il ; passe ton chemin !

— Vous devriez mettre des barbelés ! dit Maurice en se forçant à rire. Une barrière comme celle-ci et un vieux derrière, ce n’est pas pour