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CHAPITRE VI


À la ville, Maurice, en descendant du train, se dirigea vers la boutique d’un coiffeur.

Il se fit raser, laver aux eaux d’odeur et, d’un coup de fer, le barbier lui retroussa galamment les moustaches.

Puis, comme une auberge était proche, le permissionnaire alla s’y attabler avec des civils qui se rangèrent modestement pour lui faire place. Il ne perdit point de temps à leur faire de grands discours sur la récente bataille, mais mangea solidement et but à rasades.

Un des civils, bon marchand dont le commerce prospérait, ayant offert une bouteille pour finir le repas, Maurice ne voulut pas être en reste et commanda des cigares.

Il n’avait jamais été très ménager, ce Maurice ; depuis qu’il était en guerre, surtout, il ne pouvait pas garder un écu en poche et, dès qu’il avait de quoi, il faisait largesse.

À la servante qui apportait les cigares, il donna vingt sous et un baiser.

Après quoi, ayant repris ses musettes et son casque, il s’en alla vers Fougeray.

Pour un pauvre gars sortant de l’enfer des hommes, une route bordée d’arbres dont les feuilles battait comme des petites ailes sous le vent joyeux