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LA PARCELLE 32

qu’il faut, il viendra, lui, et coupera notre bien en deux pour en avoir sa part.

— Il faudra pour cela que je sois mort !

Bernard répliqua brutalement :

— Eh ! vous mourrez bien !

Jetant loin de lui une peignée de mauvaises herbes qu’il venait d’arracher, il ajouta :

— Ça me dégoûte du travail !

Mazureau remarqua avec une sorte d’orgueil :

— Tu es bâti comme moi et comme ceux de l’ancien temps qui ne voulaient pas partager leurs biens.

Bernard murmurait entre ses dents :

— Un méchant tortu qui ne fait pas la guerre… Pourquoi n’est-il pas à la guerre, celui-ci ?

— Chut ! fit Mazureau… Il ne faut pas parler de ce qui ne nous regarde pas… et il ne faut pas mal parler de ce gars-là.

Il cligna de l’œil comme pour raconter un bon tour de marchand.

— Écoute, Bernard ! Il faut voir un peu loin ! Si Éveline s’était mariée avec celui de la guerre qui lui parlait, c’est alors qu’il aurait fallu partager et qu’il aurait fallu vendre. Si elle se marie avec le sursitaire…

— Elle ferait mieux de ne pas se marier du tout ! jeta Bernard.

Mais le grand-père secoua la tête.

— Non ! tu parles trop vite ! tu es trop jeune ! Si elle écoute Honoré, nous achèterons toute la parcelle, tous les Brûlons… Bon ! Quand je serai mort, qui te dit que vous partagerez les terres ? Cela dépendra des accords ! Honoré a plus de terres qu’il ne lui en faut… Qui te dit qu’il n’ai-