qu’il faut, il viendra, lui, et coupera notre bien en deux pour en avoir sa part.
— Il faudra pour cela que je sois mort !
Bernard répliqua brutalement :
— Eh ! vous mourrez bien !
Jetant loin de lui une peignée de mauvaises herbes qu’il venait d’arracher, il ajouta :
— Ça me dégoûte du travail !
Mazureau remarqua avec une sorte d’orgueil :
— Tu es bâti comme moi et comme ceux de l’ancien temps qui ne voulaient pas partager leurs biens.
Bernard murmurait entre ses dents :
— Un méchant tortu qui ne fait pas la guerre… Pourquoi n’est-il pas à la guerre, celui-ci ?
— Chut ! fit Mazureau… Il ne faut pas parler de ce qui ne nous regarde pas… et il ne faut pas mal parler de ce gars-là.
Il cligna de l’œil comme pour raconter un bon tour de marchand.
— Écoute, Bernard ! Il faut voir un peu loin ! Si Éveline s’était mariée avec celui de la guerre qui lui parlait, c’est alors qu’il aurait fallu partager et qu’il aurait fallu vendre. Si elle se marie avec le sursitaire…
— Elle ferait mieux de ne pas se marier du tout ! jeta Bernard.
Mais le grand-père secoua la tête.
— Non ! tu parles trop vite ! tu es trop jeune ! Si elle écoute Honoré, nous achèterons toute la parcelle, tous les Brûlons… Bon ! Quand je serai mort, qui te dit que vous partagerez les terres ? Cela dépendra des accords ! Honoré a plus de terres qu’il ne lui en faut… Qui te dit qu’il n’ai-