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LA PARCELLE 32

jourd’hui, comnmença-t-il ; il doit s’ennuyer chez lui et tante aussi doit bien s’ennuyer !

Mazureau se redressa sur son outil.

— Pourquoi dis-tu cela ?

— Parce que je le sais ! dit Bernard d’un air pincé ; et je le sais sans que personne me l’ait dit.

Le grand-père sentit le reproche.

— Tu es trop jeune pour qu’on te dise tout !

— Je ne suis pourtant pas trop jeune pour travailler, et je vais bien avec vous chez le notaire et chez les marchands. Vous auriez pu me dire que ce vilain gars voulait se marier avec tante Éveline ; je ne l’aurais raconté nulle part, croyez- le !

— Mais… qui t’a fait ces contes ?

— Personne ne m’a fait de contes. J’ai écouté, voilà tout ! Hier soir, ils étaient tous les deux dans le fournil et ils s’embrassaient.

Mazureau ne put cacher sa joie.

— Cela, dit-il, à voix glorieuse, c’est du bonheur pour toi !

Comme l’enfant gardait un silence maussade, il continua :

— C’est à cause de cela que nous achèterons la parcelle qui nous touche. Avec Honoré, je suis sûr de l’avoir ; sans lui, non ! Honoré, il a des champs comme personne n’en possède par ici et sa bourse est longue ! Avec lui nous serons forts, nous achèterons nos anciennes terres des Brûlons et peut-être d’autres encore…

Le petit gars continua la phrase sur un ton colère :

— Nous achèterons ceci et puis encore cela…, et après, quand nous aurons rassemblé tout ce