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LA PARCELLE 32

— Ce n’est pas assez ! Je veux savoir, à la fin, si je perds mon temps auprès de vous !

Les braises s’éteignaient. Tout le fournil était dans l’ombre. Appuyée à la table, Éveline tremblait.

Elle hésita encore une fois. Crierait-elle la vérité devant ce gars qui la tourmentait ? Elle souffrait tant de l’abandon de Maurice et de la dureté du père ! Elle était véritablement trop lasse, trop accablée pour mener la lutte en ce moment. Elle voulait être tranquille avec son chagrin… Elle verrait plus tard.

Elle dit :

— Vous ne perdez pas votre temps, puisque vous nous aidez de toutes vos forces…, et nous avons tous plaisir à vous voir, moi comme les autres.

Alors il fut tout à fait sûr que son manège était de coquetterie et, s’avançant vivement, il lui prit un second baiser.

À ce moment Bernard entrait en sifflotant dans le fournil.

Bernard, jusqu’à ce jour, n’avait pas trop bien compris le jeu de cet Honoré qui échangeait si facilement ses bonnes terres, et qui travaillait au-dessus de ses forces sans demander paiement.

D’instinct, Bernard s’était méfié et, à toutes les prévenances du gars, il avait fait grise mine.

Maintenant, il pensait comprendre ; dès le lendemain, aux Brûlons, il parla à son grand-père qui travaillait avec lui.

— Celui de la Commanderie n’est pas ici au-