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CHAPITRE V


À Fougeray, ce printemps-là, la guerre causa de grands deuils. Les ennemis ayant tapé comme des fous — dans leur hâte d’en finir, disaient les journaux — les pauvres qui se trouvèrent aux points de grande bataille furent, encore une fois, décimés.

Six du village y laissèrent leur vie : deux petits gars tout jeunes et quatre anciens à brisques qui avaient passé partout,

Il n’y a que des menteurs pour dire qu’ils ne furent pas pleurés.

Il faut remarquer seulement que jamais, de mémoire d’homme, et même jamais depuis les temps des temps, il n’était entré autant d’argent chez ceux de Fougeray.

Il y avait environ deux ans que les produits de la terre se vendaient avantageusement. Cela avait été d’abord une surprise et puis on s’était vite habitué à voir monter les prix de façon gaillarde.

Des gens ennuyés étaient ceux qui avaient abandonné leur culture au début de la guerre, soit parce qu’ils se croyaient assez riches, soit parce qu’ils manquaient de bras et qu’ils ne se trouvaient plus en force, les jeunes étant partis.

Bien avisés au contraire, ceux qui avaient tenu bon ! Il leur fallait trimer, cela va de soi ; tout le