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LA PARCELLE 32

remuement ! Mais je pense bien que vous avez parlé largement pour la parcelle qui vous tourhe ?

— J’ai parlé. Je n’étais d’ailleurs pas le premier ; Sicot avait déjà fait des offres… Il y en a un autre encore, un gars de Quérelles, je crois… Je suppose que celui-ci n’est pas trop à craindre… tandis que Sicot !

Honoré prit un air brave.

— Sicot ne fera pas ce qu’il voudra, je vous l’ai dit, Mazureau, vous pouvez m’en croire ! Son bail est à renouveler cette année ; il se tiendra tranquille ou bien je lui abaisserai les oreilles !

Mazureau secoua la tête.

— Je le connais ! Rien ne l’arrêtera ; s’il a de l’argent, il achètera.

— Mais de l’argent, si je suis avec vous, nous en aurons plus que lui, Mazureau !

Le vieux regarda Honoré et une flamme d’orgueil se leva brusquement en ses yeux. Sa pensée vola devant lui et il vit le jour où un Mazureau pousserait sa charrue aux Brûlons, d’un bout à l’autre, dans la terre reconquise.

Il dit au gars :

— Je suis pour toi comme tu es pour moi ; et tu pourrais compter sur mon aide si un jour tu en avais besoin.

— On a toujours besoin d’aide, dit Honoré.

Ils s’étaient levés de table ; ils sortirent dans la cour. Bernard ayant pris les devants, Honoré murmura :

— J’ai parlé à Évéline.

Mazureau dit, avec un accent de certitude :

— Et elle t’a répondu honnêtement…

Le gars eut un instant d’hésitation.