Page:Perochon - La Parcelle 32.djvu/67

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
57
LA PARCELLE 32

Elle ne pouvait pas l’aimer déjà, bien entendu. Il avait quarante ans, elle, vingt-cinq… Si elle l’eût aimé, comme cela, tout de suite, c’eût été chose surprenante et dont il se fût méfié… Elle ne l’aimait pas encore, soit ! mais elle ne le détestait pas non plus, c’était bien évident. Peu à peu naîtrait en son cœur une amitié honnête et bien sensée.

Il n’y aurait pas de difficultés du côté du père, non ! Mazureau n’était pas homme à refuser un gendre possédant les meilleurs champs du pays, les plus beaux prés, les plus beaux arbres. Honoré connaissait la passion du bonhomme, son amour exalté de la terre et ses rêves d’ambition. Et il connaissait aussi son orgueil abrupt, sa répugnance à demander l’aide des étrangers. Mazureau ne rêvait qu’achats, il avait peu d’argent et il ne voulait pas emprunter hors de sa famille… Véritablement, Honoré avait beau jeu, car si la fille hésitait, le père serait un allié tenace et sûr.

Quand Mazureau et Bernard poussèrent la porte de la Commanderie, ils trouvèrent Honoré joyeux et de bel accueil.

La servante donna des verres en grommelant et le gars alla chercher une bouteille. Le verre en main, il s’anima, disant des choses plaisantes. Mais Mazureau ne faisait point écho et Bernard avait son mauvais air fermé.

Alors Honoré demanda :

— N’avez-vous pas vu l’expert ?

Mazureau répondit :

— Si, j’ai vu Boutin, mais je n’étais pas seul ; chez lui ce matin, c’était comme une procession.

— Je vous avais bien dit que cela ferait du