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CHAPITRE IV


Le dimanche matin Honoré parla à Éveline.

Il ne faut point dire qu’il lui parla mal. Certes, jamais le beau Maurice n’eût pris le temps de chercher des paroles aussi honnêtes et douces ! Contre ce chétif, il eût été bien difficile à Éveline de se fâcher.

— Éveline, disait-il, je ne suis pas un gars comme on en voit qui lancent des paroles légères et que les filles écoutent pour leur perdition. Depuis longtemps je songe à vous tout au long des jours…, mais je ne vous ai pas parlé plus tôt parce que je voulais sonder mon cœur et l’éprouver. Maintenant, je puis vous dire que vous chercheriez en vain, chez nous ou ailleurs, parmi les pauvres et parmi les riches, quelqu’un qui vous aimât de plus sûre amitié.

Ils étaient debout dans la maison ; elle l’écoutait, toute blanche.

— Éveline, je vous vois émue à ma prière, mais vos yeux n’ont pas de joie… Peut-être vous ai-je fâchée ? Vous ne répondez pas, Éveline !

Non ! Elle ne répondait pas. Elle eût voulu dire :

— Vous ne m’avez pas fâchée, mais mon cœur est pris. Celui à qui je l’ai donné, je ne sais même pas à cette heure ce qu’il en voudra faire… Il le garde cependant par force d’enchantement.