j’y songe ; ce serait du bonheur pour nous tous.
Mazureau s’arrêta.
— Parles-tu selon ton idée et sans détours ?
— Je parle honnêtement. J’ai quarante ans, Mazureau, et j’ai du bien. Je suis un homme dont la parole compte.
Le gars ajouta avec émotion :
— J’ai du bien autant que n’importe qui en ces côtés. Je n’en ai jamais profité et personne n’en a profité avec moi. Je n’ai jamais été heureux. Maintenant, mon tour serait venu si vous vouliez bien.
L’autre lui mit la main sur l’épaule.
— Honoré, ta parole me fait honneur…, mais que veux-tu que je te réponde ! Ma fille a toujours agi selon ma volonté, comme il se doit, mais, cependant, je n’ai pas toute puissance sur son cœur.
Le gars hésita une seconde et puis il se décida à demander :
— Pensez-vous que ses amitiés soient fixées ? J’ai entendu dire…
Mazureau, du geste, lui coupa la parole.
— Ce qu’on dit ne peut être que menterie ; ne t’en inquiète pas !
— Alors, vous êtes consentant, Mazureau ? Et si je parle à votre fille…, vous n’irez pas contre moi ?
Le vieux ne répondit pas ; ils arrivaient au village. Un cheval attelé à un tombereau venait sur le chemin ; quand ils furent à sa hauteur, le conducteur se dressa au-dessus des ridelles. C’était Sicot. À cause d’Honoré, il donna le bonjour, mais d’une voix rogne et il ne s’arrêta point à causer.
Quand il fut un peu éloigné. Honoré murmura :