dans le sillon et ses bras étaient si raides que la moindre secousse le faisait tressauter.
— Laissons-le faire ! dit le grand-père ; il faut bien qu’il commence.
À midi le champ était labouré et hersé. Bernard avait voulu tracer le dernier sillon et il avait placé large, mordant même quelque peu dans la parcelle voisine.
— Il arracherait les bornes ! constata le grand-père.
— C’est à vous de les arracher, dit Honoré.
Mazureau le regarda, étonné.
— Que veux-tu dire ?
Honoré montra le champ voisin, une vieille luzernière, envahie par la mousse et le plantain.
— C’est bien de la Millancherie ?
— Oui !
Honoré regarda Mazureau bien en face.
— Eh bien ! c’est à vendre, dit-il.
Un brusque afflux de sang empourpra le cou du vieux.
— Tu veux rire, je pense !
Honoré secoua la tête.
— Si je vous le dis, c’est que j’en suis sûr. Vous savez bien que le propriétaire est mort. L’héritier veut se débarrasser de la ferme. À louer des terres, on ne récolte guère d’argent, j’en sais quelque chose… L’héritier veut donc vendre, et son homme d’affaires, c’est Boutin de Quérelles ; il est passé chez moi ce matin.
Comme Mazureau doutait encore, l’autre fouilla dans la poche de sa veste ; et on retira une grande feuille de papier.