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LA PARCELLE 32

las, il crut qu’elle était bien contente aussi. Il lui serra la main bien fort et s’en alla, le cœur ensoleillé.

Éveline rentra dans la maison. Bernard était sorti, mais le père n’avait pas quitté sa place devant la table.

— Éveline, dit-il, Honoré de la Commanderie va venir travailler chez nous comme sursitaire de l’armée.

— Je le sais, dit-elle ; il vient de me l’apprendre.

Mazureau regarda sa fille ; elle avait cet air triste qu’il lui voyait depuis plusieurs semaines. Il dit rudement :

— Tu veilleras à ce que rien ne manque aux repas quand il sera ici…, et puis, aussi, c’est mon désir que tu lui fasses bon accueil.

— Mais, père, j’ai l’habitude de faire bon accueil aux gens que vous employez.

Il frappa sur la table.

— Celui-ci est plus méritant que les autres. Quand il t’a parlé tout à l’heure, tu as répondu en moquerie et tu as tourné le dos. Je n’entends pas que tu fasses affront à un homme de son rang…, à un homme qui vient de me rendre ma terre des Jauneries, alors que je la croyais perdue à jamais pour la famille.

Éveline s’était baissée devant le feu ; elle répondit craintivement, sans regarder son père :

— Je viens de lui parler ; il n’a pas l’air fâché contre moi.

Mazureau reprit avec moins de rudesse :

— Peut-être ! Rien ne lui coûte aujourd’hui. Mais demain et toutes les fois qu’il viendra, sois aimable avec lui. Il y a une belle place pour une