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LA PARCELLE 32

Je vous prie de ne pas vous donner de soucis pour moi : je ne suis pas difficile.

Elle répondit honnêtement :

— Ce n’est pas une grosse affaire et je tâcherai de vous contenter.

— D’être servi par vous, je serai toujours content !

Il avait murmuré cela à voix timide et juste au moment où Éveline s’éloignait dans la direction du pailler.

Il resta un moment indécis et puis il suivit la jeune fille. Entre le pailler et le mur de clôture elle rassemblait ses poulets autour d’une poule mère qui gloussait furieusement.

Il fit mine de l’aider, mais elle sourit, disant :

— Vous faites peur à ma poule !

Il recula penaud, les mains ballantes et attendit.

Quand elle eut fini de s’occuper de ses bêtes, il s’approcha de nouveau.

— Éveline, je suis content de venir travailler chez votre père.

Elle répondit, distraitement :

— Vous êtes bien honnête ! Vous nous rendrez gros service !

— Chez moi…, chez moi, rien ne manque, hormis la jeunesse ; tout est vieux chez moi et tout est triste. De vous avoir devant moi, ce sera pour mes yeux comme une caresse de soleil.

Elle le regarda, un peu étonnée. Alors il rougit et lui tendit la main.

— Au revoir, Éveline ! À demain, Éveline ! Je suis bien content, Éveline !

Comme elle souriait doucement de son joli sourire