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LA PARCELLE 32

— À vous de tout cœur, Éveline !

Comme il continuait à se plaindre de sa vie solitaire, Mazureau lui demanda :

— Eh bien, pourquoi ne te maries-tu pas ? Il y a, chez toi, belle place pour une femme.

Honoré se rengorgea.

— Oui, il y a belle place !

— Tu peux choisir la plus riche.

— La plus riche ? Si je me mariais, je ne m’inquiéterais pas de la richesse.

Il se tourna vers Éveline et le sang colora ses joues maigres.

— Je puis prendre la plus pauvre du village et lui dire : Viens chez moi et commande en ma maison… S’il te plaît de travailler, travaille… S’il te plaît de ne rien faire, voici ton escabelle devant la fenêtre, voici ton fauteuil au coin du feu… Ou bien si tu veux voyager et réjouir ta jeunesse, mon cheval est attelé dans la cour… Je lui parlerais ainsi… Et des robes et des colliers, je saurais en trouver pour elle chez les marchands.

Éveline sourit tristement.

— Des maris comme vous, les filles n’en rencontrent pas souvent.

Et puis elle passa dans sa chambre. Le désappointement d’Honoré n’échappa point à Mazureau.

— Alors, dit-il, c’est entendu ; nous changeons, mais tu paieras les frais d’actes.

— Oh ! oh ! fit Honoré, vous avez dit vous-même qu’il fallait réfléchir un peu…, si je me décide, je reviendrai vous le dire.

— À ton idée, mais ne tarde pas trop.

— Je ne tarderai pas.

Le gars ajouta, avec, une visible hésitation :