Éveline lui fit les gros yeux, mais les deux hommes ne purent s’empêcher de rire.
— En vendrais-tu, toi, si tu en avais beaucoup ? demanda Honoré.
— Non !
— Eh bien ! je suis tout pareil à toi… Mais comme ton grand-père désire faire un échange, je veux bien essayer de m’entendre avec lui.
Mazureau se récria :
— Je ne t’ai pas dit que je voulais faire un échange… Je t’ai dit : entre et parle selon ton idée.
— Eh bien, oui ! Je parle le premier : cédez-moi le champ que vous venez d’acheter et je vous donne les Jauneries. C’est un cadeau de deux mille francs que je vous fais.
Mazureau secoua la tête.
— Ça n’ira pas comme ça ! dit-il.
Mais sa voix était molle et une grosse joie inattendue éclairait son regard. Il reprit :
— On peut s’entendre, je crois… Mais il faudra voir, il y a des frais que tu paieras…
Puis il fit commandement à Éveline d’apporter des verres. Honoré devina que l’affaire était conclue, mais il faudrait en reparler et c’était très bien ainsi.
Éveline lui versant du vin, il fit le plaisant :
— Quand vous viendrez chez moi, Mazureau, il n’y aura pas une jolie fille pour vous verser à boire…, chez moi, c’est le pays de triste humeur où les brèche-dents sont rois… Souvent je suis obligé de mettre moi-même la nappe.
Et puis, avant de boire, il leva poliment son verre :