Page:Perochon - La Parcelle 32.djvu/45

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
35
LA PARCELLE 32

de sa maigre figure de chèvre et de son estomac rentré ; mais il savait aussi que quatre cents boisselées pèsent d’un bon poids dans la balance des amitiés. Il lui fallait seulement éviter de tomber sur une fille trop délurée qui lui ferait voir du pays.

Il songea tout de suite à Éveline Mazureau. Elle lui plaisait, celle-ci, plus que toutes les autres ; parce qu’elle était jolie, bien entendu, mais aussi parce qu’elle était de regard modeste et de bel accueil.

Il se décida donc, non pas à agir vivement avec la fille, comme eût fait un gars freluquet, mais à endormir le père. Finasser avec Mazureau ne l’effrayait pas, tandis que les hardiesses galantes demandaient une habitude qui lui manquait.

— Comme ça, Mazureau, vous regrettez les Jauneries ?

— Je les regrette…, parce qu’elles viennent de ma défunte…, autrement, non ! Quand on veut de bonne terre, ce n’est pas aux Jauneries qu’il faut aller.

— Cela vaut tout de même bien le champ que vous avez acheté aujourd’hui !

Mazureau haussa les épaules.

— Tais-toi, allons ! tu ne connais pas la terre.

Le gars murmura, tourné vers Éveline :

— J’en ai pourtant des terres ; j’en ai des mauvaises et j’en ai des bonnes.

Sur le banc, à côté de son grand-père, Bernard s’impatientait.

— Si vous en avez tant, dit-il, pourquoi ne voulez-vous pas nous en vendre ?