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LA PARCELLE 32

n’en cultivait guère qu’une vingtaine de boisselées attenant à sa maison, qui était bâtie en un endroit de Fougeray que l’on appelait la Commanderie.

L’aidait, un vieil oncle qui lui avait déjà donné son bien. Une servante menait sa maison, une servante âgée qu’il tenait d’héritage comme le reste.

Cela ne lui faisait pas toujours une vie bien gaie.

On le jalousait pourtant. Au début de la guerre, il avait été un des rares chétifs qui demeurèrent au pays. Par la suite, on en fit un auxiliaire et puis, après quelques mois passés à la caserne, il revint comme sursitaire agricole, moins fier que jamais.

La servante, à ce moment-là, étant immobilisée par des douleurs, il s’adressa à une voisine pour tenir son ménage. Mais la gouvernante était rude et, de son fauteuil, prétendait régenter tout le monde ; la voisine, d’humeur âpre, ne fit pas long feu.

Honoré amena ensuite une manière de petit souillon qui lui avait semblé de fort bon caractère ; au bout de huit jours la gamine était congédiée et rondement !

Alors, l’oncle donna à Honoré le conseil de se marier ; de se marier avec la cousine de Montverger par exemple, qui, assurément, ne refuserait pas.

Peut-être bien en effet qu’elle n’eût pas refusé, la cousine de Montverger… Honoré avait quarante ans, elle, quarante-deux et les fortunes s’accordaient. Mais elle était de triste abord avec sa moustache et ses cheveux grisonnants.

Il eût préféré une jeunesse. Il se savait chétif d’allures ; les filles ne lui avaient jamais caché qu’elles le tenaient pour un piteux galant à cause