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LA PARCELLE 32

— Non !

Ils étaient arrivés devant la maison des Mazureau. Éveline traversait la cour. Honoré lui donna le bonjour et ses yeux la suivirent. Il fit un pas pour s’en aller, puis :

— Mazureau, reprit-il, je ne peux pas vendre les Jauneries, pas plus que je ne peux vendre les autres champs qui m’appartiennent. Je ne suis pas dans la situation d’un homme qui vend ses terres, vous le comprenez bien…

— Je le comprends ! tu parles selon mon goût.

— Mais je ne vous dis pas que je ne m’arrangerais pas avec vous… Il faudrait voir.

— Entre chez moi ! fit Mazureau.

Honoré était-il le plus riche de Fougeray ? Beaucoup disaient oui, sans hésiter. D’autres lui opposaient Gibel, le marchand de porcs, dont nul ne connaissait les affaires, et M. Marquet, le rentier qui avait des papiers dans les banques.

La fortune d’Honoré avait ceci d’avantageux qu’elle était nette, loyale, visible sous le soleil.

D’héritage en héritage, il s’était trouvé propriétaire de quatre cents boisselées et plus. Il avait une grande maison, délabrée à parler juste, mais pleine de lits, de coffres, de buffets, de vaisseliers et de larges armoires. Chacun savait que ces armoires étaient bondées, vingt aïeules ayant filé pendant toute leur vie le chanvre qui était entassé là.

Véritablement, ils n’étaient pas si fous ceux qui tenaient Honoré pour le plus riche du pays.

Avec cela, il n’était pas plus fier que les autres. Ses terres étaient louées en majeure partie ; il