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LA PARCELLE 32

— Celui-ci me convenait…, et je ne te demanderai pas d’argent pour le payer.

— Il me convenait aussi.

— Je ne t’ai pas empêché de mettre !

— J’ai mis !

Mazureau le regarda de côté.

— C’était té ?

— C’était mé !

Ils se turent un petit instant et soufflèrent comme deux lutteurs. Mazureau reprit, le premier :

— Depuis que je te connais, tu ne m’en as jamais fait d’autres…

Sicot répondit entre ses dents :

— Grand feignant !

Mazureau, d’un geste, éloigna Bernard. Les deux beaux-frères se regardèrent dans les yeux.

Ils s’étaient mariés le même jour, épousant les deux sœurs. Mais ils ne s’étaient jamais aimés. Une sourde haine était entre eux depuis leur jeunesse et elle eût éclaté cent fois n’eût été l’influence apaisante des femmes.

— Feignant ! tu as donc de l’argent à cette heure ? Ce n’est plus le temps où tu laissais vendre les terres de ta défunte !

Mazureau se pencha vers le petit homme qu’il dominait de sa haute taille.

— Combien me paierais-tu mes champs des Brûlons ?

L’autre se troubla :

— Tes champs des Brûlons ?

— Oui, combien me les paierais-tu ? Il faut me le dire à moi, au lieu d’aller en parler au notaire. Car tu lui en as parlé, Sicot  ! Voilà comme tu marches droit ! C’est peut-être à cause de la parenté !