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LA PARCELLE 32

et, comme eux, il se dandinait et crachait en marchant.

Un des vieux que l’on appelait Menon et qui était grand faiseur de prêchi-prêcha parlait sans arrêt. Il expliquait qu’il fallait être un peu fou pour acheter des terres en ce moment.

— Si j’avais de l’argent, disait-il, je le mettrais à l’État.

— Moi de même ! dit Mazureau ; à l’État, c’est sûr et cela rapporte sans peine.

Et tous, ils chantaient les louanges des papiers d’État.

Un cycliste arrivait bruyamment derrière eux. Quand il fut à leur hauteur, il mit pied à terre. C’était Zacharie, le laitier, qui allait à la vente, sa tournée faite ; mais lui, était acheteur ; il aurait même acheté le tout en bloc s’il n’avait craint de se faire des ennemis.

Comme ils marchaient lentement, il sauta sur sa bicyclette pour être sûr d’arriver à temps.

Cela les fit sourire doucement. Il possédait, ce Zacharie, une vieille carriole, un vieux mulet et cette bicyclette neuve, qui, assurément, n’était pas payée.

Quand ils arrivèrent à l’école, la salle était déjà bondée et chacun dit :

— Je n’entre point là dedans !

À cause de ce soleil à rhumes, ils se décidèrent quand même, l’un après l’autre ; mais ils ne se placèrent point ensemble. Mazureau et Bernard se glissèrent tout au fond de la salle.

Ils étaient là une soixantaine, des hommes d’âge hauts en couleur et exactement rasés, quelques sursitaires porteurs de brassards, un permission-