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LA PARCELLE 32

Bernard l’interrompit. Il demanda, tourné vers son grand-père :

— Ce Maurice, qu’est-ce donc au juste ? Je ne l’ai vu qu’une fois, je ne le connais pas trop…

Mazureau répondit :

— C’est un ancien valet de chez nous.

Alors Bernard s’adressa à sa tante et lui demanda tout droit :

— C’est ton galant ? Penses-tu te marier avec lui ?

Éveline ne put s’empêcher de rire.

— Oui, dit-elle, je le pense… donneras-tu ton consentement ?

Ni l’enfant ni le grand-père ne firent écho à sa joie. Elle crut devoir dire, pour les intéresser à ses pensées :

— Maurice vous plaint à cause du travail, père ! Il dit que votre culture est trop grande et que vous vous fatiguerez cet été.

— Qu’il ne s’inquiète donc pas ! répondit Bernard.

— Il dit, qu’à son idée, vous feriez peut-être bien de vendre un champ ou deux.

— Il a tort de dire ça ! répliqua Mazureau.

— Il croit peut-être que cela le regarde ! fit dédaigneusement Bernard.

Éveline sentit qu’elle avait pris un faux chemin.

— Oh ! vous savez, il a d’autres soucis, dit-elle.

Mais le père suivait son idée.

— Il a tort de dire ça ; c’est parler en innocence. La terre rapporte comme jamais elle n’a rapporté depuis qu’il y a des gens qui la travaillent… Tu peux lui répondre que ses propos ne me conviennent guère.