Page:Perochon - La Parcelle 32.djvu/32

Cette page a été validée par deux contributeurs.
22
LA PARCELLE 32

— Déchausse-toi ! dit-elle ; tu prendrais froid.

Bernard haussa les épaules : est-ce qu’elle le prenait pour une fille ! Alors, elle lui prépara un chauffe-pieds qu’il prit tout de même en maugréant.

— Vous avez été longtemps absents ! dit-elle ; n’avez-vous donc pas trouvé le notaire ?

— Nous l’avons trouvé, répondit Mazureau ; mais nous avons fait un petit tour dans la plaine.

— Par les Brûlons ?

— Par les Brûlons et aussi par la vigne.

— C’est trop ! dit-elle ; quelle idée de courir ainsi les champs par un temps pareil ?

Ils se regardèrent et ne répondirent point, jugeant qu’elle ne saurait partager leur émoi.

Mais Éveline ne tenait pas en place et Bernard finit par demander :

— Qu’as-tu donc ce matin ? Tu as l’air rudement contente !

Elle dit, bien vite, et toute la joie de son cœur était en ses yeux :

— Oui, je suis contente ; Maurice a écrit.

Ils firent simplement :

— Ah !

— Il a écrit ; j’étais très inquiète…

Alors le père demanda :

— Que devient-il par ces temps ?

— Il est au grand repos à l’arrière depuis une dizaine de jours… où il est, il n’y a pas de danger… Il dit qu’ils se sont battus longtemps et qu’il y a beaucoup de morts. Cela fait qu’ils attendent maintenant du renfort…

Elle parlait, elle parlait…