— Droit au soleil, Bernard Mazureau !
Bernard se mit à la tête de la jument, Mazareau saisit les mancherons et, tous les deux, le front dressé, marchèrent vers la lumière naissante.
D’un bout à l’autre, ils firent ainsi trois voyages ; et Bernard dit :
— Les bêtes vont seules, maintenant…, laissez-moi prendre la charrue et labourer ; c’est mon tour !
Mazureau montra le sillon derrière lui.
— Il y a un défaut non loin d’ici ; je veux le corriger afin que tu n’aies plus qu’à suivre le bon chemin tracé.
Il reprit les mancherons. Une joie vaste emplissait sa poitrine. Il dit à Bernard qui marchait à hauteur de l’avant-train :
— Chante donc ! Je vois des gens dans la plaine. Chante ! afin qu’ils dressent l’oreille et qu’ils sachent ce que nous faisons.
Bernard prit à chanter ; sa voix sèche faisait tressaillir les bêtes ; le vent la soulevait, en chassait les éclats et les éparpillait au loin comme balles de grain.
Et Mazureau pensait :
— Gens de Fougeray, gens de Quérelles, vous tous qui travaillez par ici, arrêtez-vous et regardez vers nous ! La terre des Brûlons est revenue à ses maîtres anciens… Celui-ci qui chante, c’est mon petit-fils, le dernier des Mazureau ; il a quitté la ville en son enfance et il a pris de la force chez nous… C’est lui qui, bientôt, va porter l’honneur de la famille !
Quand ils furent de retour près du cimetière, ils s’arrêtèrent pour regarder derrière eux.
— C’est du grand travail ! dit Mazureau.