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LA PARCELLE 32

Mazureau ouvrit la porte et s’avança dans l’air frais.

— Bernard, dit-il, nous aurons le temps qu’il faut ! Hâte-toi ! Je veux que nous soyons dans la plaine au soleil levant.

Près de la grange, la charrue était prête, la flèche sur l’avant-train ; dans le demi-jour, l’oreille faisait une tache pâle.

Mazureau se dirigea vers l’étable et fit manger ses bêtes, puis il alla chercher la jument chez le voisin. Il ne sentait pas le poids de sa jambe paresseuse ; il marchait d’un pas ferme comme au temps de sa force. Passant près de la charrue, il soulevait les mancherons, faisait jouer la flèche, maniait l’aiguillon.

— Et hâte-toi, Bernard !

Bernard mangeait ; il sortit enfin de la maison.

— Vous ne voulez tout de même pas partir à jeun ? demanda-t-il à son grand-père.

Celui-ci, qui attendait à la tête de ses bêtes, répondit impatiemment :

— Viens donc !

Ils gagnèrent les Brûlons, montèrent au cimetière.

Ils avaient, depuis longtemps, tracé leur plan. Du cimetière à la route, en mordant un peu sur un de leurs anciens champs, ils pousseraient des sillons de trois cents pas.

Un bâton fiché en terre et supportant la veste de Bernard devait leur servir de point de repère pour le premier tour. Mais, quand ils mirent leurs bêtes dans la bonne direction, ils virent que le soleil se levait juste sur le point marqué ; et le grand-père dit, d’une voix exaltée :