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LA PARCELLE 32

rerait en son entier, au lieu de s’émietter en partages.

— Bon ! Qu’ai-je besoin de vos terres, moi qui loue les miennes ? Je préfère bien l’argent !

Honoré parlait comme un homme de loi ; il indiqua la façon de faire le partage et à quelles difficultés on se heurterait à cause de la présence d’un mineur.

— Il faut faire bien les choses, dit Mazureau ; et aussi, il faut les faire vite, car je suis vieux et je voudrais mourir tranquille.

Ils parlèrent ensuite de Bernard.

— Il peut rester seul bien jeune, dit le grand-père. Il est aussi capable qu’un homme de conduire sa culture, mais qui mettra-t-il en sa maison ? Sa mère n’est qu’une femme de ville…, il faudra qu’Eveline lui cherche une sûre compagnie.

Il ajouta, avec un peu d’embarras :

— Il est ardent aux soins de la terre et je ne m’en plains pas…, mais il faut l’éclairer pour qu’il agisse toujours selon la justice.

Honoré promit tout.

Bernard arriva de la grange et s’assit sur le banc à côté de son grand-père. Éveline mit une nappe propre et installa les assiettes. Puis elle alluma la lampe au-dessus de leurs fronts et Bernard dit :

— Mangeons !

Mazureau prit le chanteau de pain, mais au lieu d’y couper à chacun son morceau, il le garda sous sa main.

Une douceur grave emplissait son cœur et ses yeux. Il chercha des paroles importantes dont les jeunes se souviendraient, mais il n’en sut pas