— Je n’ai encore vu personne au pays… Je passais sur la route quand je vous ai aperçus et j’ai désiré vous saluer avant tous les autres.
Il montra le bâton de Mazureau.
— J’ai appris, là-bas, votre accident…, croyez bien que j’ai pris part à votre peine !
Mazureau fit tourner son bras à hauteur de ses yeux.
— La grande nouvelle, dit-il, c’est que tout ceci est à moi, maintenant. Je n’ai pas de peine, mon bon gars !
Il dit encore :
— Nous avons à parler : viens dans ma maison ! Puisque nous sommes réunis, nous souperons ensemble en grande amitié.
Ils rentrèrent au village. Mazureau et Bernard allaient en avant ; à quelques pas derrière eux, Honoré parlait à Éveline qui marchait les yeux baissés.
À la maison, Éveline prépara le souper ; de son côté, Bernard dut s’occuper des hôtes. Mazureau et Honoré s’assirent à la table, l’un en face de l’autre et ils établirent leurs projets. Ils parlèrent non point en rivaux, âpres et rusés, mais largement, à cause de la joie qui était en eux.
Mazureau disait :
— Mon désir le plus grand serait qu’il y eût un homme de mon nom à la Marnière après moi.
Et, tout de suite, Honoré répondait, comme bon gendre :
— Ma maison n’est-elle pas assez grande pour me loger, moi, ma femme et mes enfants ?
— J’ai toujours rêvé aussi que mon bien demeu-