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LA PARCELLE 32

cheveux dont les torsades lourdes déferlèrent sur ses épaules.

Sur la commode, devant elle, des choses précieuses étaient rangées ; il y avait, sous un globe de verre, la couronne de mariée de la mère Mazureau, puis des photographies de parents, de belles cartes à images. Tout seul, en avant, un soldat, faraud sous la bourguignotte bleue, souriait dans un cadre doré.

Où était-il à cette heure, le beau Maurice ? Peut-être était-il couché dans quelque charnier ?

Les larmes montèrent aux yeux d’Éveline… Tout à coup un bruit de pas la fit sursauter. Elle courut comme une folle, tous ses cheveux épars.

Le facteur ! Il était devant la fenêtre de la cuisine.

— Mlle Éveline Mazureau !

Sans marquer d’étonnement devant cette belle fille en désarroi, il tendit la lettre et s’en alla de son grand pas mécanique.

Une lettre, enfin ! et de sa main ! Le reste n’importait pas !

Aux armées, le 2 février 1918.XXXX

Ma chère Éveline, si je l’écris ces lignes, c’est pour le dire que nous sommes depuis une huitaine de jours au grand repos. C’était bien notre tour. Nous avons donné dur avant la relève et nous pensions y rester tous. À la section, nous ne sommes plus que huit ; nous attendons un renfort. Alors, tu comprends, c’est la bonne vie.

Ma chère Éveline, c’est pour le dire que je ne m’en fais pas trop en ce moment. J’ai reçu ton colis en arrivant ici ; les amis et moi, nous nous sommes régalés. J’ai reçu aussi tes babillardes. Quand ce sera mon tour de permission…