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LA PARCELLE 32

Fougeray façonnait hardiment. Les deux petites, brûlées de soleil, noires comme des grillons, portaient le sautoir, la montre, le collier, l’épinglette, les boucles d’oreilles, les bagues, et, à chaque poignet, un bracelet avec médaillon tintant. Tout cela neuf, à la mode et en or.

Et il restait aux parents tout ce qu’il fallait pour batailler encore au profit des hommes d’affaires et du gars parisien, héritier de la Millancherie.

Sur une petite estrade, Boutin renseignait le notaire de la ville qui était chargé de vendre ; ils chuchotaient tous les deux et souriaient. Boutin fit le tour de la salle ; avant la lutte, il vint saluer les combattants. La plupart étaient de Fougeray, mais on en voyait aussi de Saint-Etionne et de Quérelles ; leur idée, à ceux-ci, n’était pas bien connue et on les regardait avec méfiance.

Mazureau se tenait dans un coin, le bras en écharpe ; la chaleur de la salle l’incommodait et il sentait ses jambes trembler sous lui ; il s’appuyait sur l’épaule de Bernard.

Celui-ci, les yeux sur la porte, épiait les arrivants.

— L’oncle ne viendra pas, dit-il tout bas ; il n’osera pas se faire voir.

— Qu’il vienne donc, au contraire ! répondit Mazureau ; nous passerons devant lui et il aura la honte.

Bernard protesta vivement :

— Ah ! non ! par exemple ! Je me demande à quoi vous pensez !… S’il vient…

Il s’interrompit.

— Cré nom ! le voilà !

Sicot arrivait en effet, mais non point bruyam-