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LA PARCELLE 32

femmes avaient pris barre sur lui et elles le lui firent sentir.

Réellement inquiètes d’ailleurs, sachant fort bien à quoi s’en tenir sur les menaces de Bernard, elles ne songeaient qu’à chambrer le bonhomme en attendant que l’oubli tombât sur cette fâcheuse histoire.

Marie ne se gêna pas pour remontrer à son père quel bruit cela ferait à Fougeray si Bernard ou Mazureau parlaient.

— Mazureau ne parlera point ! répliqua le bonhomme.

— Peut-être ! mais le petit, lui, a l’air décidé… Que les hommes de justice s’en mêlent ou non, la honte sera sur vous… Un homme de votre âge !

Sicot était sensible à cette raison. Au village, on retenait en effet les noms des gens assez peu sensés pour échanger des coups. Il s’agissait généralement de jeunes coqs qui, par un petit jeu d’éperons, vidaient lestement une querelle et n’y pensaient plus.

Mais deux vieillards, deux beaux-frères, se battant comme des loups, c’était une chose honteuse et qui ferait du bruit ! Quand on songeait que lui, Sicot, un des notables de l’endroit, connu de tous et dont la parole comptait, s’était laissé aller à frapper à main armée, à frapper pour la mort comme un voyou de ville !

Marie disait :

— L’affaire sera mise en complainte.

Et la mère, doucement, sûrement, semait aussi en bon terrain.

— Aux prochaines élections, tu serais pourtant entré au Conseil ! murmurait-elle.