Le médecin courut à travers le courtil. Près de son automobile, son domestique criait, en balançant sa casquette au bout de son bras levé ; dans le village, tous étaient sortis pour écouter la nouvelle de délivrance.
Le médecin revint à la maison et il annonça, du seuil :
— Ça y est, mes amis ! C’est fini, tout de même !
— Quoi ? fit Mazureau.
— Eh bien, la guerre donc !
Et il se mit à tourner dans la pièce, parlant, riant, sacrant, frappant dans ses mains. Bernard l’arrêta.
— Vous n’avez pas achevé le certificat, monsieur.
Le médecin reprit son siège et traça rapidement quelques mots illisibles. Comme il signait, une larme tomba sur le papier ; il l’essuya du bout de son doigt et jura très doucement le nom de Dieu.
Bernard serra soigneusement le certificat ; quant à l’ordonnance, il n’en avait cure.
— La guerre est finie, dit Mazureau en se relevant sur son bras valide, mais ton pauvre père ne reviendra pas.
— Non, dit Bernard, il ne reviendra pas.
Mais il ajouta aussitôt, d’un ton fort sec :
— Vous, le médecin défend que vous bougiez…, si vous voulez guérir vite !… Tenez-vous donc tranquille, car il faudra que vous vous leviez, dimanche prochain !
Le lendemain matin, ils eurent une lettre d’Honoré.
— Je lui avais écrit, malgré vous, expliqua Bernard.