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LA PARCELLE 32

eu besoin de fourche pour le rosser ! Est-ce qu’on se bat à coups de fourche, voyons ! Qu’allons-nous faire maintenant ?

Et puis, il s’apaisa soudain. Il s’apaisa et même il se mit à sourire. Il souriait en déshabillant son grand-père, il souriait en lavant ses plaies, il souriait en l’aidant à se coucher.

— Demain matin, je vais chercher les gendarmes. Je vais à Quérelles demain matin…, et, bientôt, l’oncle sera en prison, je pense bien !

Le grand-père avait une fièvre intense ; il finit cependant par s’assoupir. À côté du lit, Bernard veillait et, de temps en temps, il se frottait les mains.

— Les gendarmes l’emmèneront : il a bien choisi son moment !

Mais, le lendemain matin, comme il se préparait à partir, le grand-père l’appela auprès de lui.

— Bernard, dit-il, en le regardant fixement, je suis tombé sur une fourche en travaillant…, tu m’as bien compris ?

— Vous avez la fièvre ! Taisez-vous donc ! Je vous ferai voir, moi, si vous êtes tombé sur une fourche…

Le hasard voulut que les gendarmes fussent justement en tournée à Fougeray ce matin-là. Bernard les pria d’entrer. Mais Mazureau ne fit que s’excuser devant eux :

— Le petit a le cerveau dérangé, dit-il ; je me suis blessé hier au soir par maladresse ; je n’ai à me plaindre que de moi-même.

— C’est votre affaire, dit le brigadier.

Et il sortit en grommelant : il n’aimait pas beaucoup qu’on vint le déranger pour rien.