eu besoin de fourche pour le rosser ! Est-ce qu’on se bat à coups de fourche, voyons ! Qu’allons-nous faire maintenant ?
Et puis, il s’apaisa soudain. Il s’apaisa et même il se mit à sourire. Il souriait en déshabillant son grand-père, il souriait en lavant ses plaies, il souriait en l’aidant à se coucher.
— Demain matin, je vais chercher les gendarmes. Je vais à Quérelles demain matin…, et, bientôt, l’oncle sera en prison, je pense bien !
Le grand-père avait une fièvre intense ; il finit cependant par s’assoupir. À côté du lit, Bernard veillait et, de temps en temps, il se frottait les mains.
— Les gendarmes l’emmèneront : il a bien choisi son moment !
Mais, le lendemain matin, comme il se préparait à partir, le grand-père l’appela auprès de lui.
— Bernard, dit-il, en le regardant fixement, je suis tombé sur une fourche en travaillant…, tu m’as bien compris ?
— Vous avez la fièvre ! Taisez-vous donc ! Je vous ferai voir, moi, si vous êtes tombé sur une fourche…
Le hasard voulut que les gendarmes fussent justement en tournée à Fougeray ce matin-là. Bernard les pria d’entrer. Mais Mazureau ne fit que s’excuser devant eux :
— Le petit a le cerveau dérangé, dit-il ; je me suis blessé hier au soir par maladresse ; je n’ai à me plaindre que de moi-même.
— C’est votre affaire, dit le brigadier.
Et il sortit en grommelant : il n’aimait pas beaucoup qu’on vint le déranger pour rien.