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LA PARCELLE 32

Mazureau. Ils luttèrent couchés, roulèrent l’un sur l’autre, s’étranglèrent.

Soudain, la main de Mazureau rencontra le portefeuille de Sicot qui venait de glisser de sa poche. Il poussa un grognement de joie. Une main à la gorge de l’autre, il porta le portefeuille à sa bouche, le déchira d’un coup de dent.

— Tu achèteras ! mon mur !… mon cimetière !… Tiens ! achète donc !

Il s’était relevé, il piétinait le portefeuille…

Sicot se dressa aussi, les yeux fous. Sa main tomba sur la fourche qui était là ; il fit deux pas en arrière, revint et han ! il poussa la fourche dans la poitrine de son beau-frère. Comme il voulait la retirer pour frapper encore, un long jet de sang ruissela sur le manche.

Mazureau chancela ; son pied heurta une tombe et il s’abattit.

Sicot fut dégrisé du coup. La peur le prit aux entrailles. Ayant ramassé en son chapeau les morceaux de son portefeuille mêlés à la terre, il s’avança hors du cimetière et inspecta furtivement la plaine. Comme il n’y avait personne en vue, il se sauva sans regarder derrière lui.

La blessure de Mazureau était sérieuse mais non mortelle ; à la nuit tombante il se traîna jusque chez lui.

Bernard l’attendait et commençait à s’impatienter. Mazureau, les dents claquantes, lui apprit ce qui s’était passé, moins l’affaire du portefeuille.

Le jeune gars, d’abord, lui mena une belle danse.

— Moi aussi, disait-il, je me suis battu…, avec un qui m’accusait de tricher… Je n’ai pas