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LA PARCELLE 32

— Sicot, je t’ai dit deux fois de t’en aller. C’était déjà trop d’une.

L’autre, ramassé sur lui-même, le cou rentré dans les épaules comme un bœuf prêt à foncer, crachait de basses injures.

Mazureau se campa ferme sur ses jambes, releva la ceinture de son pantalon, écarta les bras.

— Sicot ! dit-il, je t’ai corrigé dans ma jeunesse ; je puis le faire encore malgré que je sois vieux.

Sicot montra la terre du cimetière.

— Je vais prendre ta mesure ! rugit-il.

— À ton idée ! Nous sommes seuls dans la plaine ; si tu n’es pas craintif, viens !

Sicot déboula tout d’un coup et arriva, la tête basse, entre les bras de Mazureau qui se refermèrent.

Ils s’étreignirent en silence. Sicot, à demi étouffé, encerclait la taille de Mazureau et s’efforçait de lui plier les reins. Leurs bras étaient encore durs et puissants mais le jeu de leurs jambes manquait d’aisance. Tout un moment, ils luttèrent sur place, chacun cherchant à déraciner l’adversaire.

À la fin, Mazureau sentit mollir les bras de l’autre. Il se dégagea d’un coup de reins ; Sicot, basculé d’un grand effort, roula à terre. Il n’y fut pas très longtemps ; sa force était moins grande, mais sa vivacité égalisait les chances. À peine debout, il chargea encore ; le poing de Mazureau lui arriva sur la tête comme une massue ; essoufflé, étourdi, il riposta par un coup de pied.

La fureur, alors, les aveugla complètement. Ils se colletèrent, se bousculèrent à bras tendus, cognant, poussant, tirant, se heurtant aux tombes. Sicot alla à terre encore une fois mais il entraîna