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LA PARCELLE 32

À Fougeray, la question religieuse laissait à peu près tout le monde indifférent. Quelques-uns avaient cependant gardé de leur jeunesse l’habitude du repos dominical. Mazureau était de ceux-là. Il n’occupait les soirées du dimanche qu’à de menus passe-temps, non aux besognes essentielles de la terre.

Il prit une fourche, une faucille et s’en alla au cimetière des Brûlons. Le cimetière était en effet négligé ; un buisson de laurier-tin s’échevelait, n’ayant pas été taillé depuis longtemps ; des ronces, agrippées aux pierres, lançaient leurs tiges autour des tombes.

Mazureau, minutieusement, sarcla, coupa les herbes, égalisa les branches de laurier, arracha les ronces. Puis, avec sa fourche, il rassembla la jonchée de rameaux et la jeta par-dessus le mur de pierres sèches.

Aussitôt, il songea qu’il avait mal choisi l’endroit : il avait jeté les broussailles juste sur la jachère cornière de la parcelle à vendre. Pour ne pas encombrer la terre d’autrui, il sortit du cimetière et poussa le tas un peu plus loin, sur son champ à lui.

Et tout geste nouveau lui fut soudain pesant.

Il revint s’asseoir à sa place choisie, sur la tombe du glorieux Mazureau. Il faisait froid ; le vent d’est venait de tout son élan du côté de la plaine et, sur cette hauteur, il choquait dur.

Mazurceau bombait l’échine. Il sentait le froid sur son visage, mais il commençait aussi à le sentir en son âme ; ses regards tombaient à ses pieds sur le petit rectangle de terre, qu’il s’était