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LA PARCELLE 32

— Ce que je ne pourrai pas faire, tu le feras toi-même ; tu achèteras, plus tard… Rien n’est perdu puisque tu es de même volonté que moi… Tu auras l’honneur pour toi seul.

— L’honneur ! L’honneur !… Je n’aurai tout de même pas la parcelle 32… Et c’est celle-ci que je veux ! c’est celle-ci qu’il me faut !

Comme le grand-père ne cédait pas, Bernard le menaça carrément de le quitter. À la fin, Mazureau dut se soumettre ; il consentit à aller demander d’abord deux mille francs à Marcireau.

Le voisin l’écouta avec étonnement et lui répondit par de bonnes paroles d’amitié, mais de l’argent, non ! il n’en avait pas.

— Vous irez chez Léchelier le jeune ! ordonna Bernard.

— Je n’irai pas ! dit le grand-père.

Il y alla cependant. Mais Léchelier non plus n’avait pas d’argent. Or, il venait de vendre pour dix mille francs de grain… La vérité, c’était que Léchelier et Marcireau, et tous les autres, accumulaient jalousement leurs sous dans l’idée de porter un grand coup quand se présenterait la belle occasion d’achat.

Quand Mazureau rentra de chez Léchelier, il dit amèrement :

— Tu m’as fait mendier deux fois, Bernard ; c’est une faute que je n’aurais jamais pensé commettre… Ne me parle plus jamais de cette espèce d’entreprises.

Bernard comprit bien lui-même qu’il n’y avait aucun espoir de trouver de l’argent à Fougeray, mais il ne lâcha pas prise pour cela. On en trouverait ailleurs ; on irait à Saint-Étienne, à Quérelles,