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LA PARCELLE 32

— C’est cette sacrée tactique qu’il a !

Mais, après tout cela, il s’en allait aux Brûlons et, quand il n’y avait personne en vue, il se laissait choir sur la belle pierre qui marquait la place de Mazureau le Riche. Et il ne songeait point à Guillaume, ni à l’adroit général, ni à la victoire prochaine des Français. Comme un coureur s’arrête hébété devant le but qu’il n’atteindra pas, il regardait d’un œil terne les champs ensoleillés de la plaine tentatrice.

Au bout de quelques jours, Bernard prit à le harceler. Bernard, lui, n’était pas abattu ; la fièvre le soulevait. Pourquoi n’emprunteraient-ils pas ? Il y avait encore cette ressource… Bernard eût fait volontiers le tour de toutes les maisons de Fougeray pour trouver les sept ou huit mille francs qui manquaient. Les raisons d’honneur de son grand-père ne lui entraient pas dans la tête ; il ne décolérait pas.

— Allez donc trouver votre ami Marcireau, ou bien Menon, ou les frères Léchelier…, ils ont de l’argent à ne savoir qu’en faire !

— Non, répondait Mazureau, je n’irai pas !

— Mais enfin, pourquoi ?

— D’abord, parce qu’ils ne me prêteraient pas un sou. Ensuite parce qu’ils ne me sont rien. On n’emprunte pas aux étrangers. Cela se sait toujours. Ce n’est pas fier ! Et j’ai l’honneur de la famille à porter…

Bernard serrait les dents.

— Cré nom ! c’est que vous ne voulez pas acheter !

Mazureau se taisait, la tête basse. Parfois il essayait d’endormir son petit-fils en lui montrant des chimères lointaines.