Honoré continua doucement :
— Si vous étiez restée là-bas, cela ne serait pas arrivé ; c’est le bonheur de la maison qui est parti avec vous…
Il ajouta, plus bas :
— Je n’ai pas pu y retourner depuis que vous êtes ici. J’espère que vous n’êtes pas malheureuse, Éveline ?
Toute troublée de honte, elle balbutiait :
— Je vous remercie, Honoré… Vous êtes bien aimable, Honoré.
Marie les regarda l’un après l’autre.
— Rentrons, Éveline ! dit-elle sévèrement.
Et elle emmena sa cousine.
Le lendemain, Honoré fut encore en tourment à cause de cette rencontre et il n’eut pas le goût de travailler. Le mercredi, il s’en alla à la ville parler à son notaire. Comme il revenait, les gendarmes de Quérelles l’arrêtèrent sur la route : il n’avait ni brassard, ni permission. Les gendarmes lui annoncèrent qu’il aurait à rejoindre son dépôt de régiment où l’on commencerait par le mettre en prison.
— J’ai été sans doute vendu ? demanda Honoré au brigadier qu’il connaissait.
— Oui, dit l’autre, et plus d’une fois ! mais toujours par la même personne ; l’écriture n’a jamais changé.
Honoré n’était pas de caractère trop ardent ; il n’était pas impitoyablement rancunier. Pourtant il se jura bien que Sicot se repentirait de cette affaire ; car, évidemment, c’était Sicot…
Honoré rejoignit donc son dépôt et on le mit bien en prison pendant deux jours. Le troisième