Page:Perochon - La Parcelle 32.djvu/251

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
241
LA PARCELLE 32

Il rejoignit Sicot et remonta avec lui du côté de la Baillargère. Comme il avait sur le cœur l’affaire de la lettre de dénonciation, il annonça au bonhomme que, décidément, il augmentait le fermage de dix francs par boisselée. C’était à prendre ou à laisser.

— C’est à laisser, mon ami, dit Sicot. Si je n’ai pas tes terres, j’en trouverai d’autres avant qu’il soit longtemps…, et qui seront à moi.

Honoré parla sèchement, en propriétaire :

— En attendant, ce sont les miennes que vous cultivez. Ne lancez pas vos paroles trop à la légère… vous avez deux mois pour réfléchir.

Sicot hésita, puis la colère l’emporta sur la prudence :

— Veux-tu que je te dise ?…. Ces deux ou trois bouts de mauvais champs, les veux-tu tout de suite ?… Dis, les veux-tu ? Tu peux les prendre…, si tu en as besoin pour t’occuper et rester sursitaire pendant que les autres se font tuer.

— Merci ! dit Honoré ; je sais que je vous dois déjà beaucoup. Mais ce qui est dit est dit : à deux mois votre parole !

Et il tourna par un petit chemin qui allait vers la Commanderie.

Cette fois, sur ce chemin, il eut la chance de rencontrer Éveline. Elle était avec Marie et elle rougit vivement à son approche. Lui, sentit son cœur mollir.

— Je suis content de vous saluer, Éveline, dit-il ; mais je vous revois en un mauvais moment ; il y a eu du malheur chez vous aujourd’hui.

— Nous avons vu le feu d’ici, dit Marie ; il y avait de grandes flammes dressées comme des sabres.