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LA PARCELLE 32

Sous les rires, Mazureau accusa le coup ; on le vit blêmir, puis ses yeux s’allumèrent et il serra les poings.

— Dubin ! tu n’as pas le droit de m’insulter. Tu agis en traître !

Un conseiller vint à l’aide de Mazureau.

— Parfaitement ! cria-t-il ; le président doit être juste et n’insulter personne.

Deux camps se formèrent dans la salle. Sur l’estrade, le président et Sicot honnissaient Mazureau ; celui-ci marcha sur eux.

Tout à coup, une voix aiguë fila au-dessus du tumulte.

— Mazureau ! Il y a le feu chez vous !

Chacun pensa qu’un mauvais plaisant voulait engeigner le bonhomme. Mais la voix reprit, pressante et tremblée :

— Il y a le feu ! Il y a le feu à la Marnière des Mazureau !

Le silence tomba comme un plomb. Et puis ce fut une bousculade enragée. Mazureau et Bernard fonçaient vers la porte ; le petit gars, tête basse, renversait les vieux qui ne se rangeaient pas assez vite. En un clin d’œil tout le monde fut dehors.

Une haute fumée montait au-dessus du courtil de la Marnière et l’on percevait même le ronflement des flammes.

Un homme d’une cinquantaine d’années, qui était le lieutenant des pompiers de Fougeray, commanda :

— À la pompe ! et au trot !

C’était très bien dit, mais il y avait là peu de gens en âge de courir vite. Chacun fit du mieux qu’il put. Bernard, en tête, filait à toute vitesse ;