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LA PARCELLE 32

Bernard, qui était occupé dans le cellier, sortit en hâte et les suivit.

— Tu n’as point fermé la porte du cellier, remarqua Mazureau.

— Bah ! fit l’autre.

Le voisin cligna de l’œil :

— N’aime point l’eau, votre petite vieille !

Bernard riposta tout aussitôt :

— Elle se saoule, mais elle est allante ! Je n’en dis point de mal.

À la beurrerie, qui se trouvait à l’autre bout du village, dans la vallée, ils virent bien la grande affiche fraîchement posée. Un groupe de bavards discutaient déjà l’allotissement ; le laitier Zacharie lisait à haute voix et faisait de grands projets. Des vieux passaient à côté sans rien dire, d’un air désintéressé ; mais leurs regards, sous le chapeau rabattu, filaient tout de même vers l’affiche.

Bernard se glissa dans le groupe ; tout était marqué sur cette affiche ; chaque parcelle figurait avec son numéro, sa contenance et la mise à prix.

Il lut : « Parcelle no 32, section D… » Ses yeux sautèrent au bout de la ligne… 18 000 francs.

Il recula, joua des coudes et rejoignit son grand-père dans la salle.

— Elle y est ! souffla-t-il, pâle d’émotion ; ils mettent le plus bas prix à dix-huit mille francs.

— Cela ne veut rien dire, murmura Mazureau ; elle montera sûrement à vingt-cinq, peut-être à trente !

Autour d’eux, la même discussion animait tout le monde. L’expert savait bien ce qu’il faisait en posant une affiche en cet endroit ! C’était le