son petit coin. Il y a aussi les fermes qui ne sont pas aux gens du pays.
— Les Brûlons, dit l’enfant, ce n’est pas bien grand !
— Notre part est de quarante boisselées… Autrefois mon grand-père possédait ces champs que tu vois et qui sont maintenant de la Millancherie.
— Jusqu’à la route ?
— Jusqu’à la route…, il en possédait d’autres encore, un peu partout dans la plaine. Il avait acheté, acheté…, on l’appelait Mazureau le Riche. Après lui, il y a eu des ventes et surtout des partages.
— Autrefois, dit l’enfant d’un air entendu, il y avait le droit d’aînesse.
— Oui, les nobles, au temps des rois, ils donnaient tout au fils premier. Ça faisait les belles fortunes.
— Moi, dit Bernard, je partagerai avec tante Éveline.
— C’est la justice, répondit le grand-père.
Mais un regret assourdissait sa voix.
L’enfant murmura en hochant la tête :
— C’est bête tout de même !
Malgré le vent aigre, ils furent un moment songeurs devant cette bonne terre étendue à perte de vue sous le jeune soleil. Et puis l’enfant montra la grande parcelle qui, sur la droite, venait finir en coin au cimetière des Mazureau.
— Ce champ qui nous touche et qui est de la Millancherie, à qui appartient-il ?
— La Millancherie est à un monsieur de ville ; je crois qu’il vient de mourir… Mais ce champ