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LA PARCELLE 32

la beurrerie s’était élevé à huit cent cinquante francs !

Deux des vaches, les plus malades, n’avaient plus de lait. Le lait revint aux trois autres, mais on ne pouvait pas le donner au laitier pendant quatre semaines : le règlement était ainsi.

Francille fit des merveilles ; dès les premiers jours, alors que les bêtes étaient en pleine fièvre, elle entreprit de faire du beurre. Ni Bernard ni son grand-père n’en voulurent goûter, mais elle le porta à la ville et le vendit comme bon beurre de ferme, à l’ancienne mode.

Avec le petit-lait, naturellement, la multiplication des fromages allait toujours.

— Nous ne perdrons pas tant que les autres ! disait Bernard.

Les autres se débrouillaient pourtant bien de leur mieux, eux aussi, mais beaucoup de femmes n’avaient pas la hardiesse de Francille.

En attendant, la Baillargère était toujours indemne. Sicot en tirait orgueil, comme il tirait orgueil de tout.

— Il faut prendre soin de ses bêtes, disait-il, voilà tout ce qu’il y a à faire. Les miennes, je les soigne richement et il ne leur arrive rien… Ce sont les mauvais panseurs qui apportent la peste… Rappelez-vous où la maladie a commencé !

Quand on gémissait devant lui, il répliquait :

— Moi, je ne peux pas me plaindre ; je n’ai jamais tant fait d’argent de mon lait.

Et pendant que le bétail des autres était à l’étable, lui, poussait le sien à grands cris sur les chemins. Ses vaches pacageaient du matin au soir ; il les menait de préférence sur son petit