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LA PARCELLE 32

prises. Francille, ivre dès le matin, ne put les traire ; Mazureau se chargea de cette besogne et Bernard donna le lait au laitier.

Ce jour-là il y avait une petite foire à Quérelles ; Mazureau y conduisit une jeune taure à moitié grasse ; il s’était proposé de la vendre au boucher un peu plus tard, à la foire d’octobre mais, avec ce poison dans l’étable, il était préférable de s’en débarrasser tout de suite. Un fermier de Saint-Étienne acheta la bête, qui creva huit jours plus tard après avoir contaminé les environs.

Mazureau vendit aussi ses porcs à Gibel le marchand et il les fit enlever immédiatement. Tout cela demanda quatre jours seulement. Il était d’ailleurs grand temps que cela fût fini. Bernard donnait toujours le lait au ramasseur de la coopérative, mais la quantité diminuait, et le petit gars avait beau ajouter de l’eau en cachette de son grand-père, la couleur restait douteuse car trois vaches avaient des aphtes aux mamelles et donnaient un lait visqueux et sanguinolent.

Quand les porcs furent partis, Bernard courut à la mairie déclarer la maladie. Les bêtes furent consignées à l’étable et l’on mit sur la barrière du courtil, une belle pancarte portant ces mots : Fièvre aphteuse.

Deux jours plus tard, fièvre aphteuse chez Marcireau, fièvre aphteuse chez Léperon et chez Léchelier, fièvre aphteuse à la Poitevinière, à la Millancherie, fièvre aphteuse, fièvre aphteuse…

Chacun surveillant le voisin, il n’était pas trop facile de retarder la déclaration comme avaient fait ceux de la Marnière. Le laitier, de son côté, examinait le lait avec méfiance ; quand il faisait