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CHAPITRE III


Un matin, Bernard, en nettoyant la crèche devant un veau nouvellement sevré plongea sa main dans une poignée de fourrage qui lui sembla mouillée. Il cogna sur le nez du veau et secoua ses doigts couverts de bave.

— Imbécile ! mange donc au lieu de téter ta pâture !

Mazureau demanda :

— Qu’est-ce qu’il y a ?

— C’est le veau qui ne mange pas… Il bave partout, cet innocent.

Le grand-père s’approcha, inquiet ; il mit la main sur l’échine de la bête qui frissonna.

— Veux-tu parier que c’est autre chose ? Amène-le par ici.

Bernard détacha le veau, l’amena à la lumière et le grand-père lui desserra les mâchoires.

— Eh bien oui ! il a la cocotte !… Voilà, maintenant !

— Cré nom ! fit Bernard, la voix étranglée. Ils se regardèrent, consternés.

— Il ne faut rien dire à personne, chuchota Mazureau ; il ne faut pas que Francille s’en aperçoive d’ici quelques jours.

— Je vais ouvrir le cellier, dit Bernard.

Le lendemain les cinq vaches laitières étaient