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LA PARCELLE 32

Un beau soir, il s’en alla rôder autour de la Baillargère : il ne vit personne, n’entendit rien. Une autre fois il s’enhardit ; se déchaussant, il enjamba le mur du jardin et s’approcha de la maison sur la pointe des pieds. Il n’entendit que Sicot qui riait grassement. Le chien tomba sur lui et il se sauva ses socques en main, bondissant comme un chevreau à travers les plates-bandes.

Il rentra fort piteux à la Commanderie.

— Qu’elle s’en aille aux cinq cents diables ! pensa-t-il et que je ne la revoie jamais !

Pauvre ! Le lendemain il alla trouver Sicot dans la plaine. Sicot n’était-il pas son fermier après tout ? Il fallait bien qu’il lui parlât de temps en temps…, sur cette affaire du bail, par exemple…

Le bonhomme ne lui fit pas grand accueil et Honoré se montra très conciliant, très petit. Une idée lui vint tout d’un coup :

— Je ne travaille plus à la Marnière, dit-il à Sicot… J’ai eu des mots avec Mazureau… Je suis sursitaire et je dois aux autres deux jours au moins de travail par semaine ; vous n’auriez pas besoin de moi, par hasard ?

Le bonhomme ricana.

— Tu veux être valet chez ton fermier, toi ? On n’en voit pas souvent, des propriétaires bâtis comme toi !

— Chez mon fermier ou chez un autre…, c’est la guerre qui change tout !

Sicot lui répondit sèchement, comme à un pauvre journalier :

— Non, mon ami ! j’ai pour le moment tous les bras qu’il me faut : tu peux chercher ailleurs !

Et Honoré n’eût point honte d’insister.