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LA PARCELLE 32

— Vous tairez-vous, vieille folle ? cria Bernard.

— Oui, mon petit poulet mignon ! J’en ai tant vu !

— Vous en avez tant bu…, que vous voulez dire ! Attendez un peu, mère d’arsouilles !

Mazureau parla de se lever et de la jeter à la porte. Elle finit quand même par se coucher et ils l’entendirent qui ronflait, qui ronflait drôlement, mêlant des grognements sourds à de longs miaulements déchirants.

Le lendemain matin, elle était debout avant eux. Comme ils devaient encore s’en aller tous les deux, ils ne la chassèrent point. Ils se contentèrent d’emporter la clef du cellier. Elle fit encore leur besogne recta ; à leur retour elle les reçut gaiement, bien qu’elle n’eût point bu.

— Attendons un peu ! pensèrent-ils, puisqu’elle travaille…

Le jour suivant elle s’enivra à rouler ; ils se demandèrent par quel sortilège ! Mais elle avait trouvé le moyen de faire cinq fromages avec un demi-litre de lait de chèvre…, surtout, elle avait commencé une lessive, on ne pouvait pas la chasser avant qu’elle l’eût terminée.

D’ailleurs Bernard découvrit dans un placard une bouteille d’eau-de-vie ; il cacha la bouteille et Francille fut sobre pendant quarante-huit heures. La semaine passa et, le dimanche matin, Mazureau donna liberté à la vieille pour toute la journée.

Elle partie, ils visitèrent la maison.

Il n’y avait pas de désordre ; rien ne manquait. La Francille s’ivrognait, mais elle travaillait bien et n’était pas voleuse. De plus, elle ne mangeait presque pas.