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LA PARCELLE 32

— Elle est un peu folle ! chuchota-t-il ; il ne faudra pas la payer.

Elle n’était point si folle cependant, puisqu’elle demanda, sur son travail, toutes les explications qu’il fallait. Elle se fit montrer la chambre d’Éveline, le cellier, le fournil, le grenier, la basse-cour et la porcherie ; elle saurait ensuite se débrouiller toute seule, du premier coup. Elle en avait tant vu !

Quand ils revinrent, le soir, de chez un voisin où ils étaient allés battre, les bêtes étaient pansées, les vaches traites et la maison en ordre.

Seulement, la vieille chantait ! Assise à la table, avec, dans son tablier, des pois qu’elle écossait, elle poussait la faridondaine ; sa tête allait au saut et son nez pointu semblait picoter les grains dans un plat, devant elle.

— C’est-il la dernière que vous avez apprise, celle-ci ? dit Bernard. Vous devriez me la copier,

— Oui, mon petit gars mignon… J’en sais tant ! Et des belles !

Et turlurlu ! et tradéridéra !

Mazureau s’approcha d’elle on fronçant les sourcils.

— C’est bon pour ce soir ! dit-il ; nous voulons dormir, allez vous coucher aussi… et que cela n’arrive plus !

Elle passa dans la chambre d’Éveline en titubant.

— Vous avez eu la main heureuse, dit Bernard ; celle-ci se saoule, à présent !

Ils se couchèrent, harassés ; mais, dans l’autre chambre, la vieille devait faire des tours, glisser des pas de danse en fredonnant une gavotte.